Réinventer la philanthropie d’entreprise pour la Genève internationale

05 November 2025

Chronique signée par William Tavelli pour la Tribune de Genève

William Tavelli, directeur marketing et communication auprès de GCSP, se demande si la charité existe encore.

Aujourd’hui, la philanthropie d’entreprise est à la croisée des chemins: longtemps présenté comme moteur de générosité, le secteur privé doit désormais relever des défis inédits dans un contexte multilatéral en mutation, marqué par l’incertitude économique et sociale. Depuis la réélection du président Trump, il ne suffit plus d’afficher sa bienveillance, les entreprises doivent prouver l’impact réel de leurs actions. Assistons-nous donc à la fin d’une époque ou au début d’une philanthropie tournée vers l’action et les résultats?

Les motivations qui poussent les entreprises à s’engager sont multiples: recherche de visibilité, réputation, avantages fiscaux, ou volonté authentique d’améliorer la société.

Pourtant, il ne suffit plus d’afficher une générosité de façade: ce qui compte désormais, c’est la responsabilité, l’impact et l’adaptabilité: mesurer et communiquer sur les bénéfices tangibles de leurs actions permet de regagner la confiance du public et des partenaires.

Philanthropie

De nouveaux outils, tels que les réseaux sociaux, jouent aujourd’hui un rôle clé: ils amplifient chaque initiative, fédèrent des communautés et imposent une transparence accrue sur les objectifs et les résultats. Désormais, la philanthropie s’organise autour d’actions ciblées. Pour que le don reste pertinent et efficace, il s’inscrit dans une logique de responsabilité partagée allant au-delà de l’entreprise pour toucher toutes les parties prenantes.

À Genève, le modèle du grand donateur s’efface au profit d’une diversité d’acteurs et de montants: quatre dons de 25’000 fr. ou un seul don de 100’000 fr. génèrent un résultat similaire, mais exigent des approches individualisées et une gestion plus complexe pour le bénéficiaire. Dans ce nouvel environnement, il devient crucial de tisser des relations durables, fondées sur la confiance et la compréhension réelle des besoins de chacun.

La visibilité reste une stratégie incontournable, mais elle ne doit pas sacrifier l’authenticité et du sens. Être associé à des événements, des personnalités, ou à un nom prestigieux peut ouvrir des marchés et créer des opportunités, mais le secteur privé doit veiller à ne pas perdre l’essence même de l’engagement philanthropique: favoriser l’intérêt général et incarner des valeurs fortes. Ce défi se révèle d’autant plus important au sein de Genève, où les réductions budgétaires et la pression sur les marges imposent une efficacité renforcée.

Entreprises

Dans une époque marquée par la fragmentation politique et diplomatique, les entreprises ont une opportunité unique: devenir des acteurs de cohésion sociale et d’innovation. En développant des divisions philanthropiques internes, en nouant des partenariats ambitieux et en participant à des initiatives collectives, elles peuvent non seulement réduire les risques, mais aussi maximiser leur impact. Il est fondamental que la philanthropie reste ouverte, flexible et en phase avec les enjeux du monde réel.

La main bienveillante a toujours sa place à Genève. Mais la générosité d’aujourd’hui dépend de notre capacité à collaborer et innover ensemble. Le secteur privé, aux côtés des institutions publiques, des organisations internationales et des citoyens, doit s’engager davantage. Sortons des routines: inventons de nouvelles alliances, renforçons la cohésion, et relevons les défis globaux. La vraie prospérité de la Genève internationale dépendra de notre mobilisation collective et de notre capacité à faire de la philanthropie un levier de progrès et d’impact durable.

Disclaimer

Cet article a été initialement publié dans la Tribune de Genève. Les points de vue, informations et opinions exprimés dans cette publication sont ceux de l'auteur/des auteurs et ne reflètent pas nécessairement ceux du GCSP ou des membres de son Conseil de fondation. Le GCSP n'est pas responsable de l'exactitude des informations.